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Festivals et éco-responsabilité : notre dossier

La saison des festivals est ouverte ! Depuis quelques années, nombreux sont ceux qui, conscients de l’impact environnemental de ce type de manifestation, réfléchissent et agissent pour réduire l’énergie utilisée, optimiser le tri des déchets… En d’autres termes, deviennent éco-responsables. D’acteurs isolés, les éco-festivals se généralisent et se structurent dans un réel souci de faire bouger les lignes. Des actions en marge à une véritable philosophie, les exemples ne manquent pas. Vous organisez un festival ? Vous pouvez vous engager dans une démarche d’éco-responsabilité !

Festivals : quel impact environnemental ?

Transports, consommation d’énergie et d’eau, production de déchets, restauration… Même si l’impact global des festivals est bien moindre que celui des industries, il n’en demeure pas moins qu’il est bien réel. En effet, et selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), une manifestation qui rassemble 1 000 personnes peut, en moyenne, consommer 100 kg de papier, soit l’équivalent de 2 arbres, 30 000 litres d’eau, 200 KWh d’énergie (l’équivalent de 3 ans d’éclairage avec une ampoule de 15W) ou encore produire 500 kg de déchets (1.5 fois la production d’un habitant durant un an).

En cherchant à réduire ces consommations, et plus globalement l’impact environnemental, un festival a aussi valeur d’exemple, notamment auprès de ses publics. Evidemment, un festival existant ne peut pas tout améliorer en une édition. Mais il est possible, chaque année, de viser des objectifs.

Marsatac : un exemple à suivre !

Au cours de la dernière décennie, Marsatac est devenu une référence en matière de festival éco-responsable et d’éco-communication. En 2007, le festival marseillais de musiques actuelles et électroniques a adopté une démarche éco-responsable et solidaire. Seulement 4 ans après la création du projet « Marsatac Durable et Solidaire », plus de 50% des festivaliers utilisaient des modes de déplacements doux, plus de 50% des scènes étaient éclairées par des LED et la consommation de papier avait diminué de 65%.

Tout a commencé par la réalisation d’un bilan carbone afin de déterminer les principaux postes émetteurs de gaz à effet de serre du festival. Et c’est progressivement que les organisateurs ont mis en place des actions ciblées.

Le bilan carbone nous a permis de faire un état des lieux afin de savoir comment sont réparties les émissions de gaz à effet de serre. La première année, nous nous sommes concentrés sur les transports et les déchets. Dès la deuxième année, nous avons mené des actions sur l’alimentation, la communication, la consommation d’eau…

– Caroline Varrall, administratrice de production du festival

Aujourd’hui encore, le festival continue d’innover et d’intensifier son action grâce à la mise en place de moyens et de conditions de production respectueux de l’environnement : valorisation des transports doux et peu polluants, dispositifs spéciaux pour le transport des festivaliers, tri sélectif sur site, toilettes sèches, approvisionnement en produits issus de l’agriculture biologique, éco-communication.

Toutes nos actions sont évaluées qualitativement et quantitativement. Par ailleurs, nous avons mis en place la norme ISO 20121. Nous ne sommes pas allés chercher la certification, ce qui nous importe, c’est l’outil d’actions que représente la norme. Elle permet d’intégrer l’ensemble des équipes mais aussi partenaires et fournisseurs.

Des collectifs solidaires et engagés

Des initiatives locales et avant-gardistes à l’image de Marsatac ont existé (et existent encore !) un peu partout en France. C’est le cas, par exemple, de festivals bretons qui, à l’initiative des Trans Musicales et des Vieilles Charrues, ont lancé les premières réflexions autour du développement durable en 2005.

Les premières réflexions sont nées du constat évident et déplorable de l’état des sites en fin de festival : les sols étaient notamment jonchés de gobelets en plastiques. Considérant les moyens considérables alloués au nettoyage et la pollution produite, il fallait trouver une solution : ces organisateurs de festivals ont alors adopté les gobelets recyclables.

– Sophie Plassart, chargée de mission ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie).

Très vite, une action a conduit à une autre et les organisateurs à l’initiative de ces réflexions ont souhaité créer un engagement collectif à travers la rédaction d’une charte en 2007.

La Charte des Festivals Engagés pour le Développement Durable et Solidaire en Bretagne a été signée avec la Région Bretagne et l’ADEME Bretagne. La charte représente à la fois une démarche de progrès et d’engagement. Nous accompagnons les organisateurs de manifestations pour leur permettre d’ajouter, chaque année, une action supplémentaire.

– Maryline Lair, directrice du collectif breton

En 2009 est créée l’association Le Collectif des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne. "L’engagement des membres portent à la fois sur la démarche éco-responsable mais aussi sur leur participation au collectif et le partage d’expériences, réussies ou non".

Aujourd’hui, le collectif compte 29 festivals engagés et s’appuie sur trois chargés de mission dont les postes sont cofinancés notamment par la Région et l’ADEME qui apporte également un soutien technique. "Pour être membre, la manifestation représentée doit être organisée sur au moins deux jours, précise Maryline Lair. Par ailleurs, nous ne représentons pas uniquement des festivals de musique. Le collectif est ouvert à toutes formes esthétiques mues par un projet culturel et artistique".

Là aussi des actions sont menées pour définir des plans de déplacement des festivaliers, réduire les déchets, les consommations d’énergie… mais aussi pour inciter d’autres festivals à adopter ces mesures et sensibiliser les publics. De telles actions collectives existent ailleurs et notamment dans la région PACA avec le Collectif des Festivals Eco-responsables et Solidaires (Cofees) qui regroupe une dizaine de festivals dont Marsatac ou encore en Nouvelle-Aquitaine avec le RIM (Réseau des Indépendants de la Musique). "D’ailleurs, nous échangeons régulièrement avec les collectifs des autres régions", conclut Maryline Lair.

We Love Green : le champion !

Il existe même un festival créé sur une démarche d’éco-responsabilité : We Love Green est né en 2012 avec l’idée que l’on peut organiser un festival rassemblant des dizaines de milliers de personnes tout en ayant aucun impact écologique, ou presque. Résultat ? 100% du festival parisien est alimenté en énergie renouvelable (panneaux solaires et générateurs à l’huile recyclée pour une énergie verte) et 100% des déchets sont triés, revalorisés, ou compostés (pour création d’engrais).

Ce ne sont là que quelques-unes des actions du festival. Cette année, We Love Green a innové en créant un véritable centre de tri visible sur le site du festival, et en installant une centrale énergétique Open Source couplant toutes les technologies. On peut aussi évoquer les toilettes sèches futuristes, la restauration bio et locale, l’optimisation des transports, la scénographie recyclée, etc.

Au-delà de ces pratiques vertueuses, le festival se démarque par une véritable volonté de sensibilisation et notamment par la création d’un laboratoire d’idées : le Think Tank qui a accueilli cette année plus de 50 intervenants, 7 tables rondes, 6 expositions sur le développement durable, 20 projections de films et documentaires… Sans oublier la présence de deux prix Nobel : Muhammad Yunus, père du micro-crédit et Vandana Shiva, militante écologiste indienne « activiste d’honneur » de l’ONU.

Vous organisez un festival ? A vous de jouer !

De plus en plus de festivals sont aujourd’hui soucieux de réduire leur impact environnemental. Outre les festivals déjà cités, on peut nommer, entre autres : Le Printemps de Bourges, Les Sons du Lubou encore Les Terres du son

A l’instar de ces festivals, vous aussi, vous pouvez vous engager dans une démarche de "développement durable". Tout comme Rome ne s’est pas faite en un jour, “les festivals ne doivent pas chercher à tout inverser en une édition”, conseille Sophie Plassart. Mieux vaut donc viser quelques actions la première année puis en ajouter de nouvelles à chaque nouvelle édition. D’où partir ? Où trouver des soutiens ?

Commencer par établir un diagnostic environnemental est sans aucun doute une bonne idée : cela permet d’avoir une référence. Le diagnostic environnemental permet de mesurer l’empreinte écologique de l’organisation en vue de réduire sa consommation énergétique. Il prend en compte les trajets effectués pour se rendre à la manifestation, la consommation d’électricité, alimentaire, de biens manufacturés…

Pour établir ce diagnostic environnemental, contactez l’agence de l’ADEME présente dans votre région. Celle-ci pourra vous conseiller, vous guider dans le calcul de votre propre bilan.

L’avantage du bilan carbone est d’objectiver l’impact environnemental des actions, quitte à parfois donner des résultats contre-intuitifs. Par exemple, l’exemple des gobelets consignés – cité plus haut – n’est pas forcément adopté par tous : “Pour Marsatac, nous ne mettons pas en place les gobelets consignés, précise Caroline Varrall. Il faut savoir que les gobelets consignés sont 8 fois plus émissifs que les gobelets classiques. Cela signifie que le gobelet doit être utilisé 7 à 8 fois pour qu’il soit écologiquement responsable. Or, ils ne sont pas utilisés autant sur la durée d’un festival. D’autant plus que pour les gobelets consignés implique que l’on utilise de l’eau pour les nettoyer… De plus, l’utilisation des gobelets classiques ne représente qu’1% de nos émissions de gaz à effet de serre.

Mutualiser, co-voiturer, sensibiliser

Pour limiter l’usage individuel de la voiture, pensez à mettre en place un système de navettes en partenariat avec la société de transport de la ville, des plateformes de covoiturage ou encore des tarifs préférentiels sur les billets de train : c’est ce que propose notamment Les Vieilles Charrues, en partenariat avec le Conseil Régional et le TER.

Autres idées : mutualiser les achats avec d’autres festivals n’ayant pas lieu aux mêmes dates. C’est aujourd’hui possible avec des plateformes du type Matelo. Ces achats peuvent concerner les gobelets consignés, les toilettes sèches, voire le matériel technique (lumière, son…); privilégier les circuits courts notamment dans le cadre de l’alimentation lors de la manifestation.

Dans un second temps, car justement cela nécessite du temps et de l’argent, attelez-vous au dossier de la consommation en électricité. A l’instar de Marsatac, vos scènes pourront être éclairées, à terme, avec des LED.

Les festivals les plus avancés ne se contentent pas de réduire leur impact environnemental, ils cherchent aussi à sensibiliser les publics pour rendre ces actions de protection durables. De ce fait, des associations, comme Les Connexions, se sont spécialisées dans l’intervention lors des festivals. Ils accompagnent les bénévoles et sensibilisent les festivaliers à la prévention de la production de déchet et au tri de ceux-ci.

Budget : il existe des aides !

"Les actions éco-responsables ont un coût certain, souligne Caroline Varrall. Par exemple, les toilettes sèches coûtent plus chères que des toilettes chimiques. A cela s’ajoute un besoin de main-d’oeuvre plus important." Même constat avec le tri sélectif qui, lui aussi, nécessite la venue d’une association ou de tout autre organisme de recyclage. "Nous consacrons 6% de notre budget aux actions éco-responsables."

Enfin, il existe des aides financières (renseignez-vous auprès de l’ADEME mais aussi auprès de votre Région, Département et Commune). Si les aides au fonctionnement des festivals sont en baisse constante de la part des collectivités, le soutien aux démarches environnementales est constant, voire augmenté. "En 2012, nous bénéficions de 60 000€ d’aides financières, note Caroline Varrall. Aujourd’hui, nous recevons 10 000€ de la ville de Marseille." Ainsi, l’engagement éco-responsable présuppose, avant tout, une véritable envie d’agir, de prendre sa part de responsabilité environnementale.

Vous ne savez pas comment prendre le sujet de l’éco-responsabilité à bras le corps ? Prenez contact avec des associations locales de protection de l’environnement mais aussi l’ADEME de votre région. De même, rapprochez-vous d’autres festivals éco-responsables de votre secteur. Et puis, peut-être existe-t-il aussi un collectif muni d’une charte ? Regardez ce qui se fait ailleurs, les inspirations sont nombreuses !

Crédit photo : © Maxime Chermat